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Chabada Boutique

17 novembre 2016

The DUST SWEEPERS

The DUST SWEEPERS font du swing, du jazz, des trucs qui font chabada et font remuer les orteils. C'est un trio acoustique qui se promène avec bonheur dans le "Great American Songbbok" des années 1910,1920,1930. Et la promenade il la font en toute légèreté avec deux ukulélés une guitare et trois voix.

On se régale à flâner dans les sous bois du swing, à claquer des doigts dans les sentiers du jazz ou face aux toits de Paris.

On ne part pas en croisière avec les DUST SWEEPERS, on fait du cabotage comme d'autres butinent. On picore avec élégance dans le vieux répertoire et on est séduit par la fraîcheur du trio qui joue les titres comme s'ils venaient d'être écrits. Il y a un plaisir évident à jouer, à partager et cela fonctionne plutôt bien.

 

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Les DUST SWEEPERS ont réalisé l'exploit de proposer 52 vidéos (une par semaine) qui sont autant de petites vignettes sonore d'un groupe qui donne pleinement sa mesure sur scène.

Mention spéciales à Stephanie (chant, ukulélé) pour la sobriété et le swing et à Jano qui éclaire le répertoire de petits soli aussi inattendus qu'efficaces. Et last but not least, coup de chapeau à Philippe (Krouk) pour son chouette coup de médiator sur sa très belle Gibson L48.

Signlons aussi le beau graphisme qui "emballe" le groupe.

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Et une petite vidéo pour donner envie...

Dust Sweepers : Blue Skies / Love Me or Leave Me

Hautement recommandable et, une fois encore, quel plaisir d'écouter de la musique qui continue longtemps après qu'on a enlevé la prise...

Allez faire un tour sur le site de l'Ukulélé Boudoir: www.ukuleleboudoir.com on y trouve toutes les vidéos du trio.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 octobre 2016

50 Singing Ladies

Encore des filles

Ca commence avec Lorez Alexandra et se termine avec Nancy Wilson puisque c'est par ordre alphabétique que les artistes sont présentées dans cette belle compilation illustrée par notre (°) Cabu.

Attention, c'est parti pour un itinéraire musical qui ose aller dans les marges du jazz pour aller remettre en lumière des chanteuses oubliées (Thelma Carpenter, Adelaide Hall, Viola Jefferson, Valaida Snow ou Lee Wiley...) à côté de "valeurs sûres (Ella, Billie, Carmen Mc Rae, Doris Day, Annie Ross, Pearl Bailey, ...).

Indispensable nom d'un swing...

Pas de livret mais les indications discographiques sont mentionnées (ce qui est rare dans les compilations).

50 singing ladies

 

Comme dit l'autre "C'est du supérieur!"

 

 (°) entre jazzmen, on se comprend...

23 octobre 2016

QUEENS OF VOCAL JAZZ

QUEENS OF VOCAL JAZZ...

Un coffret édité par ONE RECORDS avec un livret de 24 pages.

On le trouve aux environs de 10€ et si on passe à côté on le regrettera longtemps: Billie Holiday, Helen Merrill, Carmen Mc Rae, Abbey Lincoln, Sara Vaughan, Shirley Horn, Ella, Blossom Dearie,...

15 CD dont certains seulement sont dispensables (Shirley Bassey, Nancy Wilson,...)

Et que plaisir d'écouter Blossom Dearie dans un de ses meilleurs enregistrements...

Allez, on se laisse aller et on se fait plaisir pour pas cher

 

QUEENS OF VOCAL JAZZ

29 avril 2016

THE UKULELE PREACHERS nouvel album "Moonshine Swing"

 

"MOONSHINE SWING"

Promo CD Moonshine Swing 02

 

Enregistré en mai 2015, le nouvel album des UKULELE PREACHERS s'appelle "MOONSHINE SWING"

SWING parce que le swing c'est ce qui irrigue la musique des UKULELE PREACHERS et MOONSHINE parce que c'est à la fois le clair de lune et l'alcool de contrebande distillé avec amour et servi sans façons.

Le trio puise son répertoire dans la musique nord américaine des années 1920-1930 alors que le jazz vivait ses premières heures et allait révolutionner la musique d'une époque sinon du monde entier.

Avec "Moonshine Swing" les UKULELE PREACHERS nous proposent une musique acoustique, organique et jubilatoire; celle qui fait claquer des doigts et chanter sur sa bicyclette. La grosse contrebasse de Jean-Pierre Fourment pulse et ronronne sur un tapis d'instruments à cordes. Eric Marchienne se partage entre ukulélé, banjo et guitare hawaiienne et Marcarthur assure le chant et les parties rythmiques d'ukulélé et banjolélé.

Un inimitable trio qui n'imite personne et qui séduit avec un répertoire finement sélectionné augmenté de trois compositions originales.

Les UKULELE PREACHERS aiment les chansons d'amour, les gramophones, les vieux instruments, les clairs de lune, les photographies en teintes sépia, les vélocipèdes  et le vieux jazz qui gratte. Leur disque en est la preuve par le swing.

Cerise sur le gâteau, un livret accompagne le disque. Les généreux UKULELE PREACHERS ont eu le bon goût et l'intelligence de proposer dans ce livret nostalgique (signé Marcarthur tout comme la pochette du CD) les grilles des morceaux joués sur le disque. Une initiative qui séduira les musiciens (amateurs et confirmés) qui pourront ainsi accompagner les titres de l'album. Une bien agréable surprise qui emballe un disque séduisant  superbement enregistré.

Après "Home made Uke Pie" leur introuvable premier disque (en duo), "Three Swingbirds" et "Love Crumbs", leur quatrième album,"Moonshine Swing", confirme que les UKULELE PREACHERS sont bien ce qu'ils prétendent être: un réjouissant trio acoustique qui continue de jouer après qu'on a enlevé la prise...pour le meilleur et pour le swing.

Prix de vente: 12€

 

Le disque est vendu lors des concerts du groupe mais on peut se le procurer en les contactant via leur boîte mail.

Gabarit CD PREACHERS

 

Pour écouter des morceaux de l'album c'est ici:https://theukulelepreachers.bandcamp.com/?undefined

 

Pour contacter les UKULELE PREACHERS c'est ici: ukulelepreachers@orange.fr

 

11 juin 2015

ANACHRONIC JAZZ BAND

ANACHRONIC JAZZ BANDANACHRONIC JAZZ BAND: "Anthropology"

 

C'est en 1976 qu'est fondé l'ANACHRONIC JAZZ BAND sous la direction du pianiste Philippe Baudouin. Constitué exclusivement de musiciens français cet orchestre atypique  proposait une intéressante approche du répertoire du be bop. Le groupe jouait "à rebours" en interprétant les grands thèmes du be bop (années 1950/1960) comme s'ils avaient été composés dans les années 20.

Expérience doublement excitante puisqu'elle nous permet de redécouvrir les grands standards du be bop et qu'elle nous emmène joyeusement  retrouver la délicieuse façon des arrangements des années 1920. Car c'est bien un groupe qui jouait "à la façon de ..." avec un réel plaisir communicatif. La démarche était singulière et séduisante, l'humour n'était jamais absent et le public ne s'y est pas trompé qui réservait toujours un excellent accueil à l'orchestre.

Heureusement ce groupe éphémère a laissé quelques traces enregistrées en public (en 1977,78 & 79) en France et en Allemagne. Ces concerts sont regroupés dans un double album paru chez Gitane Jazz. Au total 33 morceaux d'un jazz plus uchronique qu'anachronique.

Le site du groupe (qui s'est reformé en 2013 à Bayonne).

 

http://anachronicjazzband.fr/

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17 mars 2015

Les MODESTES (3) C

The MODEST JAZZ TRIO

 

modest jazz trio

Jim HALL: guitar, Red MITCHELL: piano, Red KELLY: bass "GOOD FRIDAY BLUES" Pacific Jazz Records.

 

Une autre approche du jazz. Nous sommes en 1960 et le trio se forme pour une seule et unique session d'enregistrement. Quelques standards et deux compositions de Red Mitchell (ici au piano mais il officie généralement à la contrebasse) comme prétexte à improvisation pour les trois musiciens. Ici, on s'écoute, on échange et l'interaction est totale. Jim Hall (modeste parmi les modestes) et Red Mitchell se livrent au jeu de l'improvisation sur des mélodies qu'ils savent rendre organiques. Improviser comme des amis discutent, en s'écoutant, en enrichissant la conversation par de subtiles digressions. Le tout avec la simplicité qui est la marque des plus grands.

Le producteur avait réuni le trio pour une session d'enregistrement de "quelques petits blues" à inclure dans une anthologie...et c'est un album entier que les trois compères ont gravé ce 1 avril 1960. La musique reste du blues, un blues comme sublimé par le jeu aérien de chaque musicien. On improvise sans oublier de swinguer et on swingue avec le naturel de ceux qui savent que chaque mélodie est une conversation. Le Modest Jazz Trio fut une étoile filante. Éphémère et voilée. Six titres enregistrés et emballés dans une pochette signée Woody Woodward.

C'est écrit sur la pochette: c'est en trio, c'est du jazz et c'est modeste.

 

 

 

 

 

11 mars 2015

SPIKE JONES ou L'ENTARTEUR MUSICAL

SPIKE JONES ou L'ENTARTEUR MUSICAL

 

SPIKE JONES 1

 

Lindley Armstrong "Spike" Jones est né le 14 décembre 1911 à Long Beach (Californie). Il meurt le 1 mai 1965.

A onze ans il commence la batterie dans des groupes qu'il fonde avec des amis musiciens. Rapidement il devient aussi un incroyable percussioniste; il aurait appris d'un cuisinier à utiliser casseroles et accessoires de cuisine comme instruments de percussion.

Dès les années 30 il intègre le Victor Young Band en tant que batteur. A partir de 1937, il joue avec le John Scott Trotter Orchestra avec qui il restera cinq ans.

En 1941, il fonde les City Slickers, un groupe qui réunit une dizaine de musiciens (multi-instrumentistes pour la plupart). Batterie, piano, banjos, trompettes, trombones, saxophones, harpe, klaxons, canons, clarinettes, guitare, explosifs, tuba, feux d'artifices... Les City Slickers ce sont les Marx Brothers de la musique. Tout est loufoque, burlesque, outrageux, irrévérencieux, rigolo (et joyeusement anti fasciste pendant la guerre). On se marre, on se bidonne et on en redemande.

Jusqu'en 1955, Spike JONES & The City Slickers vont se produire et enregistrer sans répit. Le succès est au rendez-vous; ils participent à des tas d'émissions de télévision, ils font des apparitions au cinéma et enregistrent à tours de bras.

Il faut dire que l'orchestre n'a peur de rien et s'attaque (le mot est faible) à tous les répertoires. Jazz, variété, opéra, musique classique, thèmes traditionnels, ...tout y passe et rien ne résiste à la tempête musicale d'un orchestre qui compte en son sein de fameux solistes. Chez Spike Jones, on ne compose pas, on décompose, on fait exploser les conventions (sur scène il y avait autant d'explosifs que d'instruments  et n'oublions pas que Spike JONES dirigeait ses musiciens un revolver à la main).

Une seule règle, on ne respecte rien. On peut parodier les crooners, déconstruire une oeuvre classique, incendier un thème de jazz ou railler la musique country. Du moment qu'on rigole et qu'on fait le show. Et le show, Spike JONES & The City Slickers en sont les spécialistes. Le spectacle est frénétique, virevoltant, virtuose, hilarant, burlesque et mené à tout berzingue. Il y a des nains et un géant, on démonte les instruments, on est assourdi par les sirènes qui hurlent au beau milieu d'un adagio...Et puis il y a cette dégaine du leader (Spike c'est le clou, ainsi surnommé pour sa légendaire maigreur) fagotté dans des costumes aux couleurs criardes. Il mâche du chewing gum sur scène, il tire sur ses musiciens, il est malpoli ...et c'est un percussioniste hors pair qui conduit un band d'allumés et de fous furieux.

On touve beaucoup de vidéos de  Spike JONES & The City Slickers, y'a qu'à se baisser. Ceux qui connaissent se feront un plaisir de retrouver le plus fou de tous les orchestres, ceux qui découvrent, on les envie...on ne rencontre pas tous les jours un entarteur musical de cet acabit.

 

 

SPIKE JONES: Poet and Peasant Overture

 

 

 

 

7 mars 2015

Angelo DEBARRE

Angelo DEBARRE

Angelo DEBARRE

Angelo DEBARRE naît le 19 août 1962 à Saint Denis et commence à jouer de la musique dès l'âge de huit ans. Dans la communauté manouche dont il est issu, l'apprentissage de la musique est une affaire commune. On apprend au contact des autres, en écoutant, en participant. On se forme sur le tas et la concurrence est rude. D'autant plus rude que l'ombre de Django Reinhardt plane sur la musique manouche.

Django reste l'icône absolue des Manouches, celui qui a tout joué, celui qui a braqué les projecteurs sur une communauté qu'on se contentait de regarder de loin avec des préjugés mesquins et imbéciles. Django pourtant fait de l'ombre à ses descendants qui ont bien du mal à se forger un style; le génie est implacable il se suffit à lui même et tant pis pour l'héritage...

Angelo DEBARRE n'est pas seulement un héritier de Django, il projette la musique manouche bien au-delà des standards du style. Avec lui, le swing reste infaillible mais c'est dans la légéreté et l'élégance qu'Angelo DEBARRE s'exprime. Ses soli sont des modèles, la complexité du jeu n'est jamais apparente; comme si la musique swinguait naturellement, sans effort et avec une joie de vivre qu'on ne retrouve que dans la musique de Stéphane Grappelli.

Avec Angelo DEBARRE on swingue avec raffinement et distinction. On séduit par la grâce et l'élégance. Si Stéphane Grappelli avait quelque chose d'ornithologique dans son jeu (dans le sens ou le violon avait cette faculté de s'envoler pour dialoguer avec la guitare de Django), Angelo DEBARRE est peut-être le musicien manouche qui se raproche le plus de la ligne claire chère à Hergé. Le discours est clair, structuré, les improvisations sont toujours équilibrées. Pas de verbiage, du swing. Et quel swing! Ebouriffant, coloré, inventif. Angelo DEBARRE est certainement un des plus grands musiciens manouches (avec Tchavolo Schmitt), un impeccable improvisateur, un homme généreux mais réservé. Un grand jazzman.

On ne parle pas d'Angelo DEBARRE sans évoquer ses irréprochables tenues de scène qui sont l'exact reflet de sa musique. Ici, tout est élégance.

 

Une petite vidéo pour se faire une idée..

Angelo Debarre Live a Roma - Daphne - D. Reinhardt

 

 

27 février 2015

Mieux qu'un discours

 

Mieux qu'un discours...

 

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19 février 2015

Les modestes: (2) Abdellaziz Abdellah alias ALLA

Les modestes: (2) ALLA  discographie sur le label AL SUR

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C'est Nidam Abdi qui parle le mieux de cet artiste d'exception dont la modestie est une partie importante de son art:

Alla est né le 15 juin 1946 à Béchar (nouveau), quartier périphérique de Béchar, métropole saharienne à 900 kilomètres de la Méditerranée, appelée aussi "Bidendou". Dernier né d’une famille de douze enfants, d’un père venu de Taghit (oasis située à 95 kilomètres de Béchar), et d’une mère originaire de Tafilalet, au sud du Maroc. Alla quitte à quinze ans les bancs de l’école pour commencer à gagner sa vie. Apprenti électricien d’abord, puis boulanger, barman, il travaillera ensuite dans différentes entreprises publiques, avant d’ouvrir un magasin d’ameublement en 1986. Là les rencontres amicales seront plus florissantes que le commerce.

A seize ans, Alla fabrique son propre luth de fortune : l’universel instrument à cordes des gamins, à base de bidon, de bout de bois en guise de manche et de cables de frein de vélo pour les cordes. Les copains du quartier seront son premier auditoire. En 1972, Alla achète son premier luth, il joue alors, comme tous ses pairs, des mélodies en vogue, en général du "melhoun" marocain. Mais vite il volera de ses propres ailes, se forgeant un style, explorant des horizons nouveaux pour arriver dans sa pratique de l’instrument à une sorte de synthèse entre le jeu oriental et le jeu africain.

La démarche d’Alla sera faite d’improvisation au fil des soirées. Il ne se souviendra jamais de ce qu’il a joué la veille ; son inspiration : "tout ce qui me fait mal ressort" dit-il. Un récital d’Alla ressemble à un rituel : on vient prendre le musicien et son luth, dans la maison familiale, près du Ksar (vieille ville aux maisons d’argile et de terre cuite). Un soir comme tant d’autres, il est vingt heures lorsque la voiture d’un ami chauffeur de taxi emporte Alla vers Kenazda. Le soleil s’éteint sur la route droite, à l’entrée de la bourgade on ne voit que les contours magiques du lavoir de la mine désaffectée et une locomotive miraculeusement préservée de l’usure du temps. La soirée se passe chez un ami, un médecin "nordiste", installé au sud, et adopté par la population. Dans le grand salon tout le monde s’installe sur des matelas posés sur le sol, l’assistance est exclusivement masculine comme le veut la tradition religieuse dans le sud saharien.

Alla se met alors à accorder son luth, des heures durant, le plus étrange est qu’il joue de son instrument tout en le réglant, au point que d’emblée, le passage au récital est imprévisible et imperceptible pour un auditeur profane. Accorder le luth n’est pas une simple opération technique pour lui. En même temps qu’il triture les cordes de son instrument, l’oreille collée aux sonorités, il cherche la voie, l’issue par où il s’échappera.

Il peut jouer seul ou accompagné, il est capable de créer un orchestre dans l’assistance jerricane, boîtes d’allumettes, chœur, balancement des corps, tout lui est bon. Le luth d’Alla peut prendre au gré de l’inspiration les couleurs de la cithare, celles de la cora ou du guembri (instrument à deux cordes graves venu d’Afrique noire et popularisé dans les années soixante-dix par le groupe marocain Nass El Ghiwane). Découlant de cette liberté d’improvisation, on retrouve dans sa musique une modernité proche de l’esprit jazz dans lequel une oreille occidentale classerait volontiers le musicien.

A Béchar, jusqu’en 1968, la France est restée présente par le biais de sa base militaire et avec elle la vie culturelle importée : orchestres venus de métropole, bals populaires, bistrots... Une ambiance qui n’a pas manqué d’influencer les musiciens de la région. C’est ainsi que l’on peut voir aujourd’hui la célèbre Hasna, vieille dame noire qui trône dans les mariages avec sa guitare électrique au milieu d’orchestres féminins. Béchar où il y a aujourd’hui des concerts de rai, ou dans les années soixante, Bouteldja Belcacem, le Khaled de l’époque venait d’Oran donner des soirées "calypso"...

Dans sa ville la musique d’Alla a fait école et porte son surnom "Foundou". Le père d’Alla, déjà, était appelé Embarek "Foundou" parce qu’il travaillait au fond deux de la mine de Kenadza.

Le luthiste hérita donc du surnom paternel avant de le léguer à sa propre musique (premier album). Le deuxième album d’Alla "Taghit" fait lui aussi référence à son géniteur, puisqu’il emprunte son nom à Taghit, l’oasis d’où il est originaire : de plus en plus gaie et malicieuse, sa musique sait prendre le temps du silence et de la réflexion. La mine de Kenadza, découverte en 1917, transforma cette oasis saharienne dirigée par la plus grande confrérie de l’ouest algérien, auprès de qui séjourna Isabelle Eberhardt, en pôle industriel cosmopolite. Le prolétariat vint de tous les horizons, des hauts plateaux, de Kabylie, du Maroc ; y travaillèrent des républicains espagnols, des corses, des italiens et même des prisonniers allemands de la seconde guerre mondiale...

A Kenadza, on fête chaque année le saint patron de zaouia, Sidi M’hamed Ben Bouziane, au son de la "Ferda", musique typique, ou du "diwan", d’origine noire africaine dans lequel la musique d’Alla trouve aussi son imprégnation. Musique de transe à l’origine profane mais devenue religieuse, le Diwan, sa poésie mystique et ses versets coraniques chantés comme une litanie trouve ses adeptes jusque dans les grandes villes du nord.

Béchar en même temps que Kenadza, si proche, a toujours connu une vie musicale diffuse, underground, il n’y a pas une famille où l’on ne touche à la musique, pour le plaisir, où l’on ne "gratte" pas un instrument. La proximité du Maroc, les alliances et migrations familiales font qu’il n’y a jamais eu de frontières culturelles. Le chaabi de Casablanca, la tradition du "melhoun" marocain (poésie lyrique amoureuse en semi-dialectal), puis celle du Guiwane dans les années soixante-dix, ont eu leur influence sur les gens de Béchar. Alla se souvient des Bouchaïb El Bidaoui, Amar Zahi, Abdelhadi Belkhayat et surtout du luthiste Brahim El Allami qui ont composé son environnement musical. Le "melhoun" marocain a d’ailleurs donné le chanteur le plus célèbre de Béchar, Cheikh Belkbir, qui a vécu au royaume shérifien.

Il n’est pas exagéré de dire qu’Alla a fait école, une multitude de jeunes, plus ou moins connus, s’inspirent de son style ou plus exactement de l’esprit de son jeu. L’improvisation au luth, à partir de quelques thèmes empruntés au musicien, l’accompagnement rythmique avec des ustensiles de fortune, et par celui qui le désire, les longs silences impromptus, l’égrènement léger aérien des sons, la derbouka grave et vibrante, frappée à la manière d’une tabla, le tout dans l’intemporalité, la plénitude des instants, des grands espaces : aujourd’hui à Béchar le Foundou existe. Il faut dire que le nombre de cassettes enregistrées par les uns et les autres, au fil des soirées données par Alla est incalculable, un de ses amis en a dénombré près de trois-cents, entre 1980 et 1984.

Le luth d’Alla a ainsi déjà circulé dans son pays et hors des frontières, Bernardo Bertolucci qui tournait "Un thé au Sahara" en emporta dans ses bagages, et le luthier de Mourir Bachir déclara à un groupe de journalistes algériens "Mais vous en avez en Algérie un luthiste exceptionnel, Alla, dont le jeu échappe aux schémas de la musique arabe", celui du nomade, sans espace précis...

Nidam Abdi

Le site de l'excellent label AL SUR:  http://www.alsur.fr/index.php?id=1

 

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